critique de Je voudrais qu’on m’efface

Barbeau-Lavalette, Anaïs, Je voudrais qu’on m’efface,   Hurtubise, 2010, 175 p.


                 Un roman aux mots magnifiquement efficaces

 Avec ce premier roman, Anaïs Barbeau-Lavalette, réalisatrice du  Ring, long métrage paru en 2007, touchera sans contredit le lecteur. Dans ce roman où se mêle le langage cinématographique et littéraire et où les mots sont judicieusement choisis, et parfois empruntés au vocabulaire des personnages, elle n’hésite pas à représenter la vie de ces enfants telle qu'elle est. Malgré les non-dits et les sous-entendus, rien ne nous échappe.

C’est à travers une langue souvent crue et des images frappantes que le lecteur suivra l’histoire de trois jeunes mésadaptés du quartier Hochelaga-Maisonneuve. C’est aussi à travers les regards de ces enfants « différents » aux parents inaptes que nous pourrons voir leur réalité où chaque jour est un nouveau combat. Un combat pour éviter de devenir comme leurs parents. Un combat pour arriver à vivre seul puisqu’ils sont laissés à eux-mêmes.

                                  « Y aurait eu sa mère. Mais est assise à l’autre bout. Maganée. Encore plus    maigre que la dernière fois. Dopée jusqu’aux tripes. »

Néanmoins, au fil des pages, nous pourrons voir l’amour qui attache ces enfants à leurs parents malgré tout. On ne peut faire autrement que d’être touché par leur histoire. On a l’impression de lire une histoire vraie et à chaque page nous espérons que le pire n’est pas arrivé à l’un d’eux. Eux, ces enfants à qui l’enfance à été volé par leurs propres parents.
Le réalisme rigoureusement peint par l’auteur ne peut que venir nous saisir. Encore une fois, l’auteur montre qu’elle prend à cœur son titre d’artiste engagé.


                                                                 Critique publiée dans la revue Liaison en 2011